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Nous aurions pu fort bien attendre que les Anglo-américains et Leclerc arrivent pour nous libérer. Nous aurions pu fort bien attendre que les Américains, les Britanniques viennent nous libérer tandis que les Soviétiques se faisaient massacrer et réduisaient peu à peu les armées hitlériennes.

Nous n’avons pas voulu que nos libérateurs trouvent des femmes et des hommes couchés. Nous avons voulu être des femmes et des hommes debout, au nom de la dignité qui était la nôtre et nous entendions participer, pour notre petite part qui, en fait, au plan moral, était une grande part, aux combats de la Libération, et de notre pays, et de Paris.

Chaque fois que sur notre route nous avons rencontré des hommes et des femmes qui voulaient se tenir debout au nom de leur dignité nous avons affirmé avec eux notre solidarité. Qu’il s’agisse des Vietnamiens, du peuple marocain avec Mohammed V, du peuple tunisien avec Bourguiba, du peuple algérien, du peuple palestinien. Nous sommes toujours du côté de ceux qui entendent vivre dignes, c’est-à-dire debout.

Debout, nous le sommes aussi dans l’Église où nous entendons également être des hommes libres et responsables. C’est pourquoi nous avons tellement été enthousiasmés par le concile Vatican II et c’est pourquoi, parfois, il nous arrive d’être un peu tristes de constater qu’une dynamique, mise en route en ce temps-là, se trouve aujourd’hui freinée par toutes sortes de circonstances. (...)

Dans ce monde pétri d’individualisme, matérialisé à l’extrême par le libéralisme sauvage où les sciences et les techniques ne sont pas toujours maîtrisées, nous nous efforçons de retrouver ces valeurs qui ont fait la France et qui sont les valeurs dans lesquelles nous nous reconnaissons. Fils et Filles de la Bible et des Évangiles qui sont nos racines, nous sommes aussi les enfants du siècle des lumières, ceux de la Révolution française et des Républiques : 1830, 1848, 1871. Nous sommes les héritiers de nos aînés qui ont inscrits les valeurs pour lesquelles ils se sont battus dans la Charte de la Résistance. Et nous nous efforçons de redonner vie à toutes ces valeurs acquises au cours des siècles pour qu’elles redeviennent la base à partir de laquelle nous bâtirons une société nouvelle.

Georges Montaron,
Issy-les-Moulineaux, le 8 novembre 1991