La résistance palestinienne est justifiée et légitime par ces
petites lycéennes de Gaza, par ces femmes de Jérusalem, par ces habitants de
Naplouse et ces notables dHébron qui manifestent contre loccupant
étranger parce quils sentent ce devoir de résistance jaillir du fond de
leur cur. Ils nobéissent pas à des ordres, ils réagissent spontanément.
Et les dirigeants du Fatah et des autres organisations, ceux qui sont au Caire,
à Amman ou à Damas ne font quexprimer clairement en termes politiques,
les sentiments des lycéennes, des femmes et des hommes, du peuple et des notables,
des commerçants et des artisans, pour qui la résistance est un devoir sacré .
Ainsi, sexprimait Georges Montaron, le 27 mars 1969, au cours dune
conférence publique de lAssociation de Solidarité Franco-Arabe présidée
par Louis Terrenoire.
Un an avant la Conférence mondiale des Chrétiens pour la Palestine quil organisa à Beyrouth avec le succès que lon connaît, Georges Montaron, devenu Vice-président de lASFA, sera de ceux, qui marqueront profondément laction politique en faveur de ce que lon a appelé " la cause Arabe ". Il faut dire que Témoignage Chrétien, lhebdomadaire quil dirigeait depuis les années cinquante, navait pas attendu la guerre des six jours pour sengager aux côtés des Arabes. Louis Massignon était de ceux, en 1946-1947, qui sy exprimait alors contre le partage de la Palestine.
Pendant la guerre dAlgérie, avec Le Monde, France Observateur et lExpress, Témoignage Chrétien était un instrument précieux, pour ceux qui comme moi, à Alger, soutenaient la politique du général de Gaulle dans lidée acquise dès 1960, que lAlgérie devait accéder à lindépendance en coopération avec la France.
Comme cela a déjà été dit, lesprit d " ouverture aux autres " de Georges Montaron fait quil se sentait proche de ceux avec qui il partageait des idéaux communs, même sil sagissait dun agnostique et militant gaulliste comme moi, que certains de ceux qui fréquentaient la même chapelle que lui.
Georges Montaron nétait pas un inconditionnel dune seule tendance chez les Arabes. Quand je lui parlais de lattitude rigoureuse des Syriens, il allait à Damas écouter le ministre des Affaires étrangères, Farouh al Charaa, et en profitait pour sentretenir avec Georges Habache en novembre 1989, ou Nayef Hawatmeh en 1995. Il allait évidemment très souvent à contre courant des idées reçues et pour cela ne se fit pas que des amis. " Quoi quil en coûte ", il cherchait à connaître la vérité des autres.
Nous étions venus, Jean-Michel Cadiot, lui rendre visite à lhôpital Broussais ce mercredi 8 octobre à 16 h, car lun et lautre, lavions vu quelques jours auparavant et savions son état. Mais, une heure auparavant, Georges Montaron avait quitté cette " vie ".
Il reçut huit jours plus tard les hommages à lÉglise ND du Travail, dun très grand nombre de ceux qui avaient travaillé avec lui, lavaient entouré, lavaient suivi dans ses engagements et tous les autres qui le respectaient, lestimaient et laimaient. Il fut loué, avec cette nuance dautorité qui lui était reprochée, et qui lui valut, avec dautres griefs, de se trouver écarté du journal quil avait sauvé et maintenu à force de volonté.
Il y a eu dans cette nef comme un souffle damertume et de gène qui a dû passer au-dessus des fidèles, que tous, navaient pas été.
De toute façon Georges Montaron, vu les messages que nous avons reçus de la part des Arabes, de Damas à Rabat, à marqué plus de monde que ceux qui sexprimaient ce triste 15 octobre. Il a laissé sa trace. Nous le regretterons longtemps. Mais il sera quand même toujours présent à nos côtés.
Lucien
Bitterlin,
Président de l'ASFA,
Directeur de France Pays Arabes,
in Tribune 2000, décembre 97
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