> Georges Montaron : Un premier de cordée
par André Depierre


A la suite de l'abbé Godin, avec qui j'habitais alors, j'étais aumônier fédéral de Paris-Nord (1943-45), quand Georges était au Secrétariat national de la JOC et permanent pour toute la région parisienne. En somme, un frère pour moi, beaucoup plus expérimenté que moi, un battant, un brûlant de Jésus-Christ, déjà taillé pour être un " premier de cordée ".
Nous nous sommes retrouvés aussi aux JCC (Jeunes Chrétiens Combattants). Le président de ce mouvement, René Laurin, avait fait ses premières armes à la JOC de Paris-Nord.
Comme permanent, Georges avait pris sa pleine place de laïc responsable en Eglise. Et, à nous, les aumôniers, il ne faisait pas de cadeaux. Dieu merci !… La JOC avait ses dirigeants ; nous étions ses conseillers spirituels… Il est vrai que c'est des militants et militantes que nous avons beaucoup appris, y compris de notre rôle sacerdotal.
C'est vous dire que Georges et moi, nous nous connaissions depuis 54 ans et que, dès cette époque, l'estime mutuelle, l'amitié virile, nous ont toujours reliés.
A la Libération, il fut appelé par le père Pierre Chaillet à TC. Après quelques années et différentes responsabilités au journal, il en est devenu le directeur. Là aussi, il a donné sa pleine mesure d'écrivain-journaliste (quelle clarté concise et incisive dans ses éditos !), de laïc responsable, engagé à fond dans nos luttes pour refaire une Eglise du peuple, par le peuple, pour le peuple - et de fidélité aux combats du père Chaillet, d'une part, des travailleurs, d'autre part.
Comme l'un et les autres, il était un résistant sans concession, dans l'Eglise comme dans la société politique. Un résistant naît souvent avec un don de prophète : celui qui voit de loin poindre l'aube en pleine nuit et qui dégage, à grands coups les nuages opaques pour que vienne l'Aurore sur tous.
Bien sûr, comme nous, prêtres-ouvriers, qu'il a soutenus fermement dans nos années de tunnel (1954-1965), il voulait que nous ne soyions qu'une étape vers les " ouvriers-prêtres "… Avec lui, nous travaillions à ce que cette étape ne soit pas trop longue.
Mon frère Georges, ta souffrance morale quand on t'a fait abandonner TC , puis tes douloureux et graves handicaps de santé t'ont miné et amené à ta Pâques du 8 octobre. Mais tu es arrivé au pays lumineux de ton Seigneur avec un tablier plein à déborder des combats accomplis pour son Règne… La vie chrétienne n'est-elle pas toujours un combat ? Ce pays lumineux où Josette t'attendait, avec les milliers de jocistes, de militants du TC, bref, de frères que tu as aidés à vivre une Foi adulte, dans une Eglise toujours à la traîne… De ton nouveau séjour divin, continue à nous soutenir. Selon ma foi et mon expérience spirituelle, ceux qu'on dit " morts " sont plus actifs et plus forts que ceux qui périgrinent encore ici.
A Dieu, Georges, je prie pour toi, mais surtout avec toi. Merci à toi de tout ce que tu nous as apporté.

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André DEPIERRE, prêtre-ouvrier.
in Tribune 2000, décembre 97



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