A la suite de l'abbé Godin, avec qui j'habitais
alors, j'étais aumônier fédéral de Paris-Nord (1943-45),
quand Georges était au Secrétariat national de la JOC et permanent
pour toute la région parisienne. En somme, un frère pour moi,
beaucoup plus expérimenté que moi, un battant, un brûlant
de Jésus-Christ, déjà taillé pour être un
" premier de cordée ".
Nous nous sommes retrouvés aussi aux JCC
(Jeunes Chrétiens Combattants). Le président de ce mouvement,
René Laurin, avait fait ses premières armes à la JOC de
Paris-Nord.
Comme permanent, Georges avait pris sa pleine
place de laïc responsable en Eglise. Et, à nous, les aumôniers,
il ne faisait pas de cadeaux. Dieu merci !
La JOC avait ses dirigeants ; nous
étions ses conseillers spirituels
Il est vrai que c'est des militants
et militantes que nous avons beaucoup appris, y compris de notre rôle
sacerdotal.
C'est vous dire que Georges et moi, nous nous
connaissions depuis 54 ans et que, dès cette époque, l'estime
mutuelle, l'amitié virile, nous ont toujours reliés.
A la Libération, il fut appelé par
le père Pierre Chaillet à TC. Après quelques années
et différentes responsabilités au journal, il en est devenu le
directeur. Là aussi, il a donné sa pleine mesure d'écrivain-journaliste
(quelle clarté concise et incisive dans ses éditos !), de laïc
responsable, engagé à fond dans nos luttes pour refaire une Eglise
du peuple, par le peuple, pour le peuple - et de fidélité aux
combats du père Chaillet, d'une part, des travailleurs, d'autre part.
Comme l'un et les autres, il était un résistant
sans concession, dans l'Eglise comme dans la société politique.
Un résistant naît souvent avec un don de prophète : celui
qui voit de loin poindre l'aube en pleine nuit et qui dégage, à
grands coups les nuages opaques pour que vienne l'Aurore sur tous.
Bien sûr, comme nous, prêtres-ouvriers, qu'il a soutenus fermement
dans nos années de tunnel (1954-1965), il voulait que nous ne soyions
qu'une étape vers les " ouvriers-prêtres "
Avec lui,
nous travaillions à ce que cette étape ne soit pas trop longue.
Mon frère Georges, ta souffrance morale
quand on t'a fait abandonner TC , puis tes douloureux et graves handicaps de
santé t'ont miné et amené à ta Pâques du 8
octobre. Mais tu es arrivé au pays lumineux de ton Seigneur avec un tablier
plein à déborder des combats accomplis pour son Règne
La vie chrétienne n'est-elle pas toujours un combat ? Ce pays lumineux
où Josette t'attendait, avec les milliers de jocistes, de militants du
TC, bref, de frères que tu as aidés à vivre une Foi adulte,
dans une Eglise toujours à la traîne
De ton nouveau séjour
divin, continue à nous soutenir. Selon ma foi et mon expérience
spirituelle, ceux qu'on dit " morts " sont plus actifs et plus forts
que ceux qui périgrinent encore ici.
A Dieu, Georges, je prie pour toi, mais surtout
avec toi. Merci à toi de tout ce que tu nous as apporté.
.
André DEPIERRE,
prêtre-ouvrier.
in
Tribune 2000, décembre 97
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